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Avril est de retour.
La première des roses, De ses lèvres mi-closes Rit au premier beau jour; La terre bienheureuse S’ouvre et s’épanouit; Tout aime, tout jouit.
Hélas! j’ai dans le cœur une tristesse affreuse.
Les buveurs en gaîté,
Dans leurs chansons vermeilles, Célèbrent sous les treilles
Le vin et la beauté;
La musique joyeuse,
Avec leur rire clair
S’éparpille dans l’air.
En déshabillé blanc,
Les jeunes demoiselles S’en vont sous les tonnelles Au bras de leur galant;
La lune langoureuse Argente leurs baisers Longuement appuyés.
Moi, je n’aime plus rien,
Ni l’homme, ni la femme, Ni mon corps, ni mon âme, Pas même mon vieux chien. Allez dire qu’on creuse, Sous le pâle gazon,
Une fosse sans nom.
Théophile Gautier (1811-1872)
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Translation |
April has come again
And the first of the roses, With its lips barely open, Smiles on the newborn day. This blesséd earthen garden Opens and when it blooms, Then, everything is love.
Alas! Deep in my heart there is a pain I suffer!
How the drink brings a joy, Flowing with crimson songs, Celebrating how the vine begets Wine, beautifully pure.
And it's musically joyful With giggling chitter chat. Its perfuming the air.
Lost in décolletage of tight, white silken dresses Of youth,
Beneath the arbours,
Petting their lover’s arms.
The moon, so full of languish, Peeks on their hidden kiss.
O so long, O so long.
But I live lacking love
For man, nor for a woman, For the soul nor the body, Not even for a dog.
Go and tell them to dig The pale grass for a pit For a grave with no name.
Trans. David García Saldaña
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